“Turn-up” et conférences, focus sur la semaine du PHH Winter

Après un premier week-end riche en émotions qui aura vu couler quelques larmes lors de l’avant première de « Whose Streets ? », le Paris Hip Hop Winter reprenait de plus bel le mardi 5 décembre après un jour de pause, dans la sueur cette fois-ci. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la semaine, rythmée par trois concerts, fut d’une intensité folle avec pour seul mot d’ordre: “Turn-up”. Dans le cadre de Paris Hip Hop Campus, deux conférences ont également eu lieu au FGO Barbara et à la Bellevilloise en compagnie d’universitaires et de professionnels de l’industrie musicale.

Le PHH Winter était donc de retour mardi 5 décembre à la Bellevilloise avec un plateau 5 étoiles composé de DI#SE, L’Ordre du Periph’, Les Tontons Flingueurs, Di-Meh et ISHA.

DI#SE était en charge de chauffer la salle durant la première partie. Le moins que l’on puisse dire est que le vainqueur national de l’édition 2017 du Buzz Booster, très à son aise sur la scène de la Bellevilloise, n’a pas failli. Il a enchaîné les bangers devant une foule qui n’était pas forcément venue pour lui mais qui a vite compris qu’il faudrait compter sur son énergie et son talent dans les années à venir.

Une fois le public chauffé à blanc, Youv Dee, Ars’n, Assy et Swan, les quatre MCs de l’Ordre du Périph’, accompagnés de leur DJ Yung Cœur, prennent possession des lieux. Pendant 40 minutes, le collectif parisien enchaîne les titres de leur mixtape « Vogue Merry » sortie un mois plus tôt et qui semble parfaitement taillée pour la scène. Avant de laisser leur place aux suivants, chacun des membres de l’ODP offre un morceau solo à un public totalement conquis.

Cinq minutes de changement de plateau plus tard et la scène de la Bellevilloise est prise d’assaut par les dix membres du collectif Les Tontons Flingueurs. LTF jouent avec le public en proposant des titres issus de leurs deux mixtapes « LDA9Q vol.1 et 2 ». La salle était bouillante, ils vont la faire exploser avec une exclue aux paroles de circonstance « Pogo, pogo, pogo ».

Pas de pause, la soirée est bouillante et intense. Di-Meh a la lourde tâche d’occuper seul la scène après l’équipe LTF. Accompagné de son DJ Nevahdie et vite rejoint sur scène par son pote Slimka. Les bangers issus de sa mixtape « Focus part.I » coulent à flot, comme la sueur sur le front d’un public qui back le Suisse sur tous ses refrains. Habitué à la scène, le jeune rappeur de Genève offre un show fluide et maîtrisé durant près de 40 minutes. Le public s’en souviendra à coup sûr.

« Oh putain, oh putain », à peine le temps de souffler qu’ISHA débarque sur scène avec son backer Stan. Les deux belges enchaînent les morceaux issus du dernier projet « La vie augmente vol.1 ». Rejoint sur scène par un membre du public pour le backer sur le titre « Tony Hawk », Isha sait soigner son public et celui-ci le lui rend bien. Après deux titres exclusifs qui devraient figurer sur le deuxième volume de « La vie augmente », le Belge achève le public avec un deuxième « Oh putain ». Merci, au revoir.

Le mercredi 6 décembre, le PHH Winter posait une nouvelle fois ses valises à la Bellevilloise. La soirée  a débuté par la finale du Buzz Booster IDF, remporté par le parisien Simia malgré une belle concurrence de Chris Da Vinci et du groupe La Cour de Récré. Le jeune Gracy Hopkins a ensuite assuré, dans tous les sens du terme, la première partie du nouveau phénomène de la grime londonniene AJ Tracey. Retrouvez ici un compte rendu détaillé de l’événement.

Le jeudi au FGO Barbara, dans le cadre de Paris Hip Hop Campus, David Diallo, maître de conférences en études américaines à l’université de Bordeaux, est venu présenter ses recherches sur les liens entre le rap américain et la rue au cours d’une présentation intitulée « Le rap américain : in the name of the streets ». Le rap est né dans la rue, point d’origine et d’encrage de la culture Hip Hop qui voit le jour dans le Bronx des années 70 autour des soirées organisées par DJ Kool Herc et Afrika Bambaataa. En s’appuyant sur des exemples originels ou plus actuels tels que Snoop Dogg, Eminem ou encore Schoolboy Q, le travail de David Diallo tend à prouver que la rue, source d’inspiration et de crédibilité pour la majorité des rappeurs, est toujours omniprésente dans leurs récits plus de trente ans après l’avoir quittée pour les studios et les majors de l’industrie musicale. Après une heure et demi de présentation, la conférence s’est soldée par une séance d’échange et de questions/réponses entre l’universitaire et son auditoire.

Vendredi matin se tenait la masterclass « Transmission de la danse hip-hop en milieu scolaire : approche pédagogique vers une ouverture aux arts » à destination des professeurs d’EPS animant des ateliers de danse hip-hop au sein de leurs collèges et lycées de l’Académie de Versailles. Animé par les deux danseurs chevronnés Karlos K et Fonky Foued, cet échange avait pour but de travailler la notion de création et d’interprétation en danse hip-hop avec le passage de la forme « battle » à la forme plus « chorégraphiée », mais aussi d’expliquer en quoi l’intégration de l’outils « vidéo » dans les séances de transmission peut permettre de travailler le regard des jeunes apprenants sur le mouvement, le corps et l’émotion artistique.

Dans le même temps, à l’initiative du dispositif “Cordées de la réussite”, Sabaah Folayan, réalisatrice du documentaire “Whose Streets?” diffusé en avant première lors de la soirée d’ouverture du festival PHH Winter, allait à la rencontre de jeunes collégiens pour un échange de question réponse concernant son expérience et son film que les élèves avaient pu visionner au cinéma.

L’après-midi, toujours dans le cadre du Paris Hip Hop Campus, avait lieu une table ronde à La Bellevilloise sur le thème « Photographie et diffusion du rap et des musiques Hip Hop en France en 2017 ». Animé par le journaliste Yérim Sar, celle-ci réunissait des professionnels du milieu : William Edorh (Rec 118/Warner), Arnaud Meersseman (Miala/Rock en Seine) et Morgan Antonutti (Auguri).

Pendant deux heures, les intervenants ont pu échanger entre eux et partager leur grande expérience avec une audience très à l’écoute. Dans un premier temps, l’explosion des cachets des artistes hip-hop, américains notamment, a été abordée. Elle pose de plus en plus de problèmes aux tourneurs et programmateurs tant la concurrence est rude au niveau des festivals en Europe, dont certains jouissent de moyens bien supérieurs, même à côté de nos mastodontes français. Les intervenants ont ensuite évoqué les différences de rémunération entre les showcases en club, parfois privilégiés par certains rappeurs car plus lucratifs que des concerts classiques plus prestigieux et qui permettent une fidélisation et un réel échange avec le public. Les échanges ont ensuite portés sur la place de plus en plus grande qu’occupent les musiques urbaines dans le paysage musical français et francophone et le fait qu’elles prennent de plus en plus le pas sur les autres styles de musique sur les plateformes et sur les programmes des festivals.

Pour clôturer en grande pompe sa deuxième édition, Paris Hip Hop Winter a fait confiance au 13 Block. Le collectif de Sevran est venu en équipe avec la ferme intention de retourner La Bellevilloise en ce dimanche soir frisquet. La première partie, assurée pendant une demi-heure par leurs proches Maes, Bako, VXF et Zagazi a permis de chauffer un public venu en nombre pour le premier concert du nouveau groupe phénomène de la trap hexgonal.

DeTess, OldPee, Zed et ZeFor ont ensuite fait leur apparition sur scène sur le son « Vue » qui a, en moins de temps qu’il n’en faut pour dire ouf, électrisé une foule en délire. Pendant une heure et demi, les sevranais ont enchaîné leurs principaux titres. Rejoints sur scène par Alkpote pour le titre « ultrapute », le public n’a pas eu une seconde de répit et a complètement craquer en cœur sur « Ralis rapta ». Quinze minutes d’entracte bien méritées n’ont pas fait redescendre l’enthousiasme du public, tant le groupe a fait transpirer une fosse survoltée par l’énergie déployée sur scène, . De retour sur scène avec « Drugz », le 13 Block a ensuite été rejoint par la guest-star de la soirée, Ninho, pour le tube « Verre ». Les quatre MCs ont ensuite clôturer la soirée avec les titres « Somme » et « Vide » qui ont terminé d’achever un public qui a l’image du groupe, aura lui aussi tout donné.

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