Entrevue avec Simia, lauréat du Buzz Booster Île-de-France

Simia et son DJ Manguini sont passés dans les locaux d’Hip Hop Citoyens pour nous accorder une interview fleuve et bien sympa suite à leur victoire de la huitième édition du Buzz Booster IDF.

Est-ce que tu peux te présenter, d’où est ce que tu viens ?

Simia : Simia, je viens du 13ème arrondissement de Paris, j’ai toujours vécu là-bas. J’ai commencé à rapper via un atelier d’écriture MPAA animé par Gaël Faye et Edgar Sekolka. J’avais 18/19 ans et j’y allais une fois par semaine. J’écoutais assez peu de rap avant, dès que je m’y suis vraiment intéressé  je me suis mis à rapper. Ma meilleure pote rappait déjà et m’a parlé de cet atelier d’écriture avec Milk Coffee and Sugar. On y bossait plutôt la scène en venant avec nos textes. On a été accompagnés sur un an et on a joué à la MPAA d’Odéon donc c’était très axé scène. On a rapidement fait un freestyle à la Maroquinerie alors que ça faisait deux mois qu’on écrivait.

D’où vient ton blase ?

Simia: Je n’y avais jamais réfléchi mais il arrive un moment où il faut en choisir un et où il ne vaut mieux pas se tromper. On se moquait pas mal des mecs qui choisissaient des vieux blases pour ensuite en changer. J’ai des origines russes et je voulais y faire écho, du coup Simia veut dire famille en russe et ça retranscrit bien l’esprit familial que je veux garder dans mon rap. On s’est aussi rendu compte que ça voulait dire singe en espagnol donc on s’est dit qu’on allait en jouer, d’où les emojis singe sur mes post sur les réseaux sociaux.

Peux-tu nous parler de l’aventure Buzz Booster dans sa globalité, comment tu l’as vécue ? Est-ce que tu avais des ambitions particulières avant d’y participer ?

Simia : J’avais l’habitude de faire des scènes, surtout qu’on organisait nous-mêmes, notamment pendant mon passage de deux ans à Montréal où j’étais pour les études, d’ailleurs au final j’y ai plus rappé qu’étudier (rires). Mais c’est une pote qui m’a parlé du Buzz Booster. Je connaissais parce que je traînais pas mal avec Phases Cachées à l’époque où ils avaient gagné la région en 2014. Je connaissais de loin mais j’ai décidé d’envoyer mon dossier et j’étais déjà hyper content d’être retenu. Ensuite, honnêtement j’ai pris les choses par étapes, comme elles venaient. J’ai bossé mon passage parce que ça me tenait à cœur mais le format n’est pas facile, 10 minutes de scène c’est super rapide. J’avais l’habitude de faire des concerts plus longs, même jusqu’à une heure pour les release party de mes EP. Je ne me suis pas mis en tête que j’allais gagner, je voulais me faire plaisir avant tout. On a pris ça comme si c’était un concert à nous. Avant d’arriver j’appréhendais un peu l’ambiance entre participants étant donné que ça reste un concours mais au final c’était super bonne ambiance, on a même fait des connections avec d’autres participants on s’est dit qu’on ferait du son ensemble.

Manguini : En plus on a fait de belles salles, FGO c’était déjà énorme mais la Bellevilloise ça représente tellement de choses, on a vu tellement de concerts là-bas que monter sur la scène c’était incroyable.

C’est la plus grosse scène que vous ayez faite ?

Simia : En termes de renommée et de jauge oui. 550 spectateurs quand même ce n’est pas rien. On avait beaucoup plus de pression avant la Bellevilloise, je n’en ai pas dormi la veille (rires). Le matin plutôt que d’aller répéter j’ai préféré aller faire un basket pour décompresser, je ne voulais même pas entendre parler de musique.

Manguini : avant de monter sur scène j’ai mis mon casque je voulais rester dans ma bulle j’étais hyper concentré. La première partie d’AJ Tracey quand même ça met la pression. FGO je me suis dit “faut gagner pour faire cette première partie” (rires).

Simia : En plus avant de savoir qu’on allait faire la première partie de Gracy Hopkins et AJ Tracey avec le Buzz booster j’étais prêt à lâcher mon billet pour ma place parce que ce sont des artistes que j’adore.

“On se dit qu’on va profiter du Buzz Booster comme d’un accélérateur”

Ta réaction par rapport à ta victoire ? Ça fait maintenant une semaine est-ce qu’il s’est passé des choses depuis ?

Simia : Que du positif, on ne s’y attendait pas et maintenant on est plus dans l’état d’esprit de jouer la gagne en finale nationale. C’est aussi une belle récompense en termes de reconnaissance et de validation de notre travail. Avant que Dandyguel annonce mon nom j’avais l’impression d’attendre les résultats de mon bac. Ça fait trop plaisir, surtout ce sentiment de se dire qu’on a fait les choses bien.
En une semaine j’ai parlé avec pas mal de gens, notamment qui étaient dans la salle. Des gens ont commencé à me suivre sur les réseaux, à me dire que mon travail était de qualité. Je commençais à discuter management avec une amie qui a les compétences et du coup ça s’est officialisé. Je repars en studio très bientôt. On pense à du placement de produit, je vais d’ailleurs sortir ma ligne de sapes, on avait de beaux visuels donc on s’est dit qu’on allait les porter.

En fait il faut qu’on commence à penser à la suite parce que maintenant ça va arriver super vite. On va sortir des clips, des sons et essayer de trouver des petites scènes. Ça laisse entrevoir ce qui peut se passer si on se met vraiment à charbonner et c’est hyper positif.
Souvent dans la musique, tu travailles, mais tu ne sais pas trop pourquoi à part par passion. On fait des clips, des concerts gratuits mais si tu as pas l’esprit communication et que tu n’es pas entouré ou connecté avec d’autres personnes tu as beau faire de la qualité ça a trop peu de chances de décoller. Là on se dit qu’on va profiter du Buzz Booster comme d’un accélérateur et un point de départ de pas mal de travail.

Tu as dit qu’avant tu n’écoutais pas beaucoup de rap. Mais qui sont du coup les artistes qui t’ont inspiré ou influencé dans tes choix musicaux ?

Simia : J’ai toujours écouté du rap, mais plus des trucs mainstream, même étant petit j’écoutais beaucoup Eminem, l’album “The Eminem Show”, 50 cent et aussi Willy Denzey, je n’en ai pas honte il était trop chaud (rires). Est-ce que c’est la honte si je dis que mon premier album de rap c’était celui de Manau. J’avais huit ans à l’époque.

Manguini : j’étais allé les voir en concert aussi, c’était incroyable. On écoutait Daddy DJ aussi à l’époque, j’avais le CD (rires).

Simia : J’écoutais beaucoup de rap petit, puis beaucoup de rock anglais et de rock indé. Je faisais déjà de la musique, j’étais batteur et j’essayais de monter un petit groupe. La musique a toujours été présente. Mes potes étaient très hip hop mais pas vraiment moi. En 2009-2010 le rap n’était pas ce qu’il est aujourdhui, je pense que j’avais des à priori à ce propos jusqu’à ce qu’une pote me force un peu la main. Elle m’a ouvert à Oxmo, Rocé, Milk Coffee and Sugar, MC Solaar. Surtout des lyricistes. Du coup quand j’ai commencé à écrire j’écrivais trop compliqué, le but était de trouver des mots que personne ne comprend genre t’es un intellectuel, des allitérations…
Je kiffais Milk Coffee and Sugar donc quand ma pote m’a parlé de leur atelier d’écriture j’ai sauté sur l’occasion, je séchais les cours de la fac pour y aller une fois par semaine. En termes d’écriture, de flow, de vibe, c’était mes modèles, j’étais obligé d’y aller.

“J’écoute tout ce qui se fait actuellement, le mouvement est devenu tellement chaud et il y a tellement de bons sons dans tous les styles de rap que tu ne peux plus t’y fermer”

Tu n’es donc pas bloqué dans une logique de puriste à écouter que du rap à texte ?

Simia : Non plus du tout, j’ai une vision plus globale du rap maintenant. Au début, venant plutôt du rap « conscient », j’étais plus fermé à la trap et tout ce qui sort depuis quelques années. Mais aujourd’hui, j’écoute beaucoup tout ce qui se fait actuellement, le mouvement est devenu tellement chaud et il y a tellement de bons sons dans tous les styles de rap que tu ne peux plus y être fermé.

Comment est-ce que du coup tu as évolué vers le style plus actuel qui est le tien aujourd’hui ?

Simia : J’ai changé mon approche artistique. Je me suis rendu compte que quand tu vas à un concert ou que tu écoutes du son ça fait un peu chier que le gars te raconte que des trucs négatifs. On est relativement politisés et on en parle super souvent donc autant que la musique soit un kiff. Je peux faire les deux, parler de choses qui te prennent la tête mais le faire de façon plus cool et pas que ce soit forcément la ligne directrice de mon rap. Je me suis dit que je voulais faire ce que personnellement j’aimerais écouter.

Manguini : Je trouve qu’on peut toujours placer des références subtilement et que c’est aussi efficace. Je suis fan de Kekra par exemple, dans son titre « Pas joli » je trouve qu’il y a un message derrière, même derrière du PNL. C’est possible de mélanger les styles. Je crois que c’est surtout le public qui se prend la tête à catégoriser les artistes. Les mecs dans le son ils s’en foutent, le but c’est de faire de la musique qu’on aime et de faire kiffer c’est tout.

Tu as passé deux ans à Montréal, quel impact a eu cette période sur tes choix ?

Simia : La mentalité est différente là-bas, ils font moins de son mais ceux qui en font sont à 100% dedans, même à 18 ou 19 ans, tout est carré. Ce que ça a changé au niveau de mes textes, c’est que je n’hésite plus maintenant à faire des anglicismes. Si un mot anglais passe bien dans une rime, je ne me pose plus de question quand ça rend bien je fonce. Ça m’a ouvert des portes en termes de rimes, de flow, dans mes choix de prods qui ambiancent plus. J’ai aussi rencontré des gars, plus jeunes que moi, qui ne se prennent pas la tête à vouloir écrire du rap “à texte”. Le rap a tellement évolué que je me suis mis dans un entre deux. Tu peux être super fort dans un délire entertainment et en même temps être un scientifique de la rime, comme Caballero ou Alpha Wann qui sont dans ce style-là. Donc c’est un peu ça le but que je me fixe. Même pour la scène, on prend plus de plaisir à jouer un morceau qui bouge comme « Jumanji » (sortie du clip mercredi 20) que des sons plus boom bap et plus lents.

Tu as quelques prods de Sheldon de la 75ème Session et que tu enregistres beaucoup au Dojo Studio. Est-ce que tu as des liens particuliers avec la 75ème Session ?

Simia : A la base même pas. J’étais dans un groupe à l’époque, Millipstonimia, et je bossais un EP solo en parallèle. On sentait que le groupe allait se séparer du coup on s’est dit qu’il fallait cristalliser et sortir cet EP pour qu’il en reste quelque chose. Du coup on s’est portés candidats pour la bourse Paris Jeune Talent et on a reçu mille balles pour produire un bel EP. On s’est mis à chercher des stud’ et on est tombés sur le Dojo de la 75ème Session qui venait d’ouvrir à St-Denis. J’aimais bien le travail de Sheldon, de Sopico etc… donc on a décidé d’aller là-bas.

En plus musicalement, vous gravitez dans des univers assez similaires.

Simia : Pas vraiment lors de nos premières collaborations. Pour l’anecdote quand je suis revenu enregistrer mon deuxième EP solo il m’a dit qu’il préférait ce que je faisais à ce moment-là qu’à l’époque où j’étais venu avec Millipstonimia (rires). Sheldon est un mec en or, j’ai enregistré dans cinq ou six studios différents mais lui est vraiment super chaud et à l’écoute. Souvent il écoute ta prod, il te dit qu’il manque un truc et il sort une guitare ou une batterie pour en rajouter.
Un moment je lui ai demandé s’il avait des prods pour moi et il m’a dit de passer chez lui et on a fait la prod de « Neptune ». J’ai enregistré le son derrière et je suis reparti à Montréal. Une fois il me rappelle, me dit qu’il a écouté, fait le mix et le mastering du son mais qu’il trouve qu’il manque quelque chose sur la prod et il l’a modifié pour en faire une prod en deux parties. C’était la preuve que c’est un passionné et qu’il s’implique dans les projets sur lesquels il bosse. Un milliard d’ingé son ne s’embêtent pas avec ça.

J’ai une autre prod de Sheldon et Sopico en gestation. En fait ce sont des gars super cool qui ont vraiment l’esprit hip hop et en plus j’adore ce qu’ils font. C’était à la base des connections business mais vu qu’on a accroché on se tient au courant et on continue de bosser avec eux.

A part Manguini, ta nouvelle manageuse et la 75ème Session, est ce que tu peux nous parler de ton entourage ?

Simia : Sur tous les projets, je m’entoure en général des mêmes personnes. Pour les visuels c’est un mec super chaud que j’ai rencontré à Montréal qui s’appelle Simon Fouquet. On s’entend très bien donc je bosse avec lui. Luigi Krüger, pour qui Manguini a déjà placé une prod, et qui a fait la première partie d’Edgar Sekolka à la MPAA Broussais. Il est également graphiste dans la vie donc il m’aide musicalement mais aussi sur la partie graphique. Je bosse aussi avec Earvin Epistolin qui fait tous mes clips avec sa boîte de prod Café Crème depuis mon premier EP. Ces gars font vraiment partie du projet et je trouve ça intéressant d’avancer ensemble et de les impliquer. Yaska aussi, gros rappeur français que j’ai rencontré à Montréal aussi et qui a sorti un EP récemment avec son pote Dawan. Il me fait aussi quelques prods et a fait le mix et le mastering de mon dernier morceau et aussi de « Fluo » disponible sur soundcloud. J’ai une manageuse à Montréal et une à Paris, Alma Dahan, qui a créé une société qui s’appelle « Poly Hood ». Ce sont des relations amicales qui sont aussi devenues professionnelles. Après je suis aussi super soutenu par mes amis proches, avec lesquels j’ai commencé à rapper comme Ellips ou Millestone et même mes parents qui sont à fond derrière moi.

“C’est certes mon nom qui apparaît ou qui est mis en avant mais le but c’est de collaborer avec des gars que je considère au même niveau que moi”

Sur quels points est-ce que tu penses avoir progressé et muri entre tes deux EP, dont le premier est sorti il y a presque deux ans, et aujourd’hui ?

Simia : Techniquement et vocalement j’ai forcément progressé, encore heureux (rires). Mais plus précisément au début le but était de faire le plus de rimes compliquées possibles et ces derniers temps, je pense avoir réussi à faire des morceaux qui s’écoutent et que tu kiffes. Avant ma musique était une musique complexe et qui demandait à être analysée mais j’avais tendance à vouloir expliquer mes sons, pourquoi cette rime ou ce placement. Mais je me suis rendu compte que ce n’était pas logique. Le tour de force est d’avoir allégé le style.
J’essaye aussi d’apporter plus de cohérences dans ma direction artistique. Avant, dès qu’une prod me plaisait, je voulais poser dessus, aujourd’hui j’arrive à me rendre compte quand elle n’est pas faite pour moi. J’ai envie de garder une identité musicale qui reste identifiable pour mon public. Mes deux premiers EP étaient trop hétérogènes musicalement. Sur « L’4UB3 », il y a cinq sons et cinq beatmakers différents parce que je voulais prouver que je savais varier et faire plein de choses différentes. Maintenant je veux montrer qui je suis, et je pense qu’on peut le faire en étant polyvalent tout en restant fidèle à son identité.

Manguini : Les sensibilités changent aussi, sur un prochain projet, tu prendras peut-être une direction totalement différente.

Simia : Pour le moment je reste dans cette optique mais c’est clair que je me verrai bien faire des trucs plus groovy à un moment. Mais à ce moment-là, j’y consacrerai un projet cohérent, je ne veux pas le faire sur un son et que les gens ne s’y retrouvent plus. Avant, je voulais tout dire sur un son parce que je savais que le suivant serait différent et que je voudrais aussi tout dire dessus, du coup le but est d’apporter une vraie cohérence dans mes projets.

Est-ce que les titres de tes EP « Les dernières heures » et « L’4UB3 » se font écho ?

Simia : J’ai choisi les deux titres car j’aimais ce à quoi ils faisaient référence mais c’est vrai qu’ils se font écho. « Les dernières heures » pouvaient se comprendre de plusieurs façons, que ce soit de la journée, de la vie etc… Et « L4UB3 » représente plus une nouvelle journée comme un autre départ. Du coup ils se font écho dans leur rapport au temps. Je me prends beaucoup la tête avec le temps, j’ai toujours l’impression d’en manquer et j’ai remarqué que ce sentiment était partagé par énormément de monde.

Comment est-ce que tu vis ton processus créatif ? Est-ce que tu mets beaucoup de temps à écrire ? Est-ce qu’il te faut une prod pour écrire ou tu as des textes qui justement attendent une prod en particulier ?

Simia : En général je mets beaucoup de temps à écrire, mais au final de moins en moins car je me suis rendu compte que les choses se passaient aussi très bien lorsqu’elles étaient faites dans la spontanéité quitte à retoucher après. J’ai par exemple écrit en trois semaines le prochain son que je vais enregistrer mais je peux aussi bien mettre quatre mois à écrire un morceau. Comme le disait Manguini on taffe à coté, on est dans les études donc peut-être que ça irait plus vite si on y consacrait tout notre temps, il faudrait voir. Ça dépend aussi beaucoup des thèmes, les mots sont parfois plus durs à coucher quand on aborde certains sujets. Pour « Neptune » par exemple, une fois je suis retourné chez Sheldon alors qu’il m’avait filé la prod six ou sept mois avant et il m’a mis une pression quand je lui ai dit que j’étais en train de seulement finaliser l’écriture.

Manguini : Du coup moi aussi je dois te mettre la pression pour ma prod que tu traines depuis dix mois ? (rires)

Simia : Il faut, il faut, surtout que la prod est super fraiche ! J’ai quand même tendance à de plus en plus attendre une prod avant de me mettre à écrire dessus et travailler le son. Comme tous les rappeurs j’ai un dossier d’écriture long comme le bras dans mon téléphone. J’écris tous les jours, c’est un exercice important pour que ça devienne mécanique il faut s’entrainer, même si la plupart du temps je n’utilise pas les textes que j’écris. C’est l’assemblage des phases qui est aussi un long processus.

“Je rejetais tous les clichés qui sont habituellement véhiculés autour du rap. Aujourd’hui j’accepte de faire un peu d’égotrip ou de jouer de ces clichés”

En matière de texte, le niveau d’exigence que tu te fixes était-il plus important à tes débuts, lorsque tu cherchais à faire compliqué, ou aujourd’hui ?

Simia : Je dirais que ce qui sort représente à peu près 30% de ce que j’écris parce que la relecture est parfois douloureuse. Le niveau d’exigence a changé aussi dans le discours. Avant je voulais absolument dénoncer des choses, je rejetais tous les clichés qui sont habituellement véhiculés autour du rap. Aujourd’hui j’accepte de faire un peu d’égotrip ou de jouer de ces clichés. Par exemple dans l’EP que je vais sortir je dis beaucoup « niquer des mères », avant c’était impensable pour moi mais en fait dire ça c’est juste dire être le plus fort. Je m’attardais trop à faire du rap pour rappeurs, c’est-à-dire en me disant qu’il allait être analysé et au final c’était négatif parce que je mettais plus de côté l’aspect vraiment entertainment qui est le but premier de la musique finalement. Je m’ouvre aussi à d’autres styles de musique comme le jazz et je cherche à mettre plus de musicalité dans mes morceaux.

Des sons, des clips ou même un projet à venir bientôt ?

Simia : Beaucoup de clips, on va essayer de beaucoup travailler l’aspect visuel et à la fin forcément un projet dont je ne veux pas encore trop parler. Il est à moitié écrit je dirais mais parfois on est obligés de retarder ou autre. Le but est de faire quelque chose de plus construit que ce que j’ai fait avant, y mettre aussi plus de morceaux. Idéalement j’aimerais le sortir au printemps 2018, ce serait cool parce qu’il y aurait en même temps le Buzz Booster. On va essayer de le sortir sur les plateformes et pas seulement sur Bandcamp ou Haute Culture comme les précédents.

Tu as dit t’être fait des connections musicales pendant le Buzz Booster avec d’autres participants, à qui pensais-tu ?

Simia : Avec Fadah on s’est connus il y a plus d’un an à Montréal, on a vachement accroché donc on s’est dit qu’on allait faire un son ensemble sur son projet. Sinon j’aime beaucoup ce que font Chris Da Vinci et Beeby on s’est dit qu’on allait se revoir et La Cour De Récré pareil j’ai bien aimé leur délire et je les trouve carré. Big up à eux tous parce que ce n’était pas gagné du tout. C’était super bonne ambiance.

Manguini : Je pense qu’il n’y avait pas de jalousie, il y avait un gros niveau et on avait tous chaud les uns des autres. Je n’étais pas serein du tout à FGO, tout le monde savait que ça allait être dur dès les balances. Mais du coup ça fait d’autant plus plaisir parce que si on a gagné et que les autres ont été chauds, c’est qu’on a été finalement légèrement plus chauds donc ça boost la confiance et ça valide notre boulot.

Simia : On s’est tous retrouvés en finale parce qu’on avait un niveau équivalent. Mais là d’avoir un retour ça rassure vraiment, parce que parfois on voit des gars qui sont nuls et qui font énormément de vues et d’autre super bons qui n’en font pas. Sur scène on ne peut pas mentir, c’est là qu’on voit le niveau réel d’un artiste, et le retour du public c’est énorme. Quand les gens viennent te voir à la fin du show pour te dire que c’était « chanmé » ça fait mille fois plus plaisir que de gratter 100 followers sur insta, parce que c’est du direct, il a vu qui j’étais vraiment. C’est pour ça que je veux d’autant plus bosser l’aspect scénique pour arriver beaucoup plus forts pour la finale nationale du Buzz Booster.

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